Il y a bien une vraie guerre entre Akorda (palais présidentiel à Astana, – n.d.l.t.) et Mukhtar Ablyazov, et à la guerre comme à la guerre, tous les moyens sont bons, – a confié Aslan Moussin, chef de l’administration présidentielle du Kazakhstan, à Viktor Khrapunov dans une conversation téléphonique.
Désormais on peut trouver un nouvel enregistrement sur YouTube : il s’agit d’une conversation téléphonique entre deux hommes dont les voix rappallent celles de Viacheslav Khrapunov et Aslan Moussin , qui plus est, ils s’appellent par leurs noms et leurs patronymes. Tout porte à croire que cet échange a eu lieu au printemps de l’année en cours.
Si on admet que c’est l’enregistrement d’un dialogue réel entre Khrapunov et Moussin, la situation est tout à fait intéressante. On peut comprendre qu’Akorda avait attendu que Viktor Viacheslavovich revienne de son plein gré au Kazakhstan, et on était prêt à tout lui pardonner et à tout oublier car on avait besoin de celui qui aurait pu aider, d’une manière ou d’une autre, dans la lutte (ou plutôt dans la guerre, si on s’en tient littéralement aux propos de celui qui semble être Moussin) entre Akorda représentée par le gendre de Ielbassy (leader de la nation, – n.d.l.t.) Timur Kulibayev d’un côté et le politicien de l’opposition Mukhtar Ablyazov de l’autre.
Cette conversation nous ayant paru extrêmement curieuse, nous avons décidé de publier sa retranscription complète. Ceci dit, nous n’insistons pas sur le fait qu’il s’agit d’une conversation réelle.
Khrapunov : « Aslan Espoulaevich, bonjour. Ici Khrapunov, je vous dérange peut-être ? ».
Moussin : « Mais non, Viktor Viacheslavovich, nous vous écoutons avec attention, comment allez-vous ? ».
Khrapunov : « Ça va, merci. Et vous, comment allez-vous ? Vous devez avoir plein de soucis ces temps-là, avant l’anniversaire du président. Qu’en est-il de ma proposition de m’utiliser en tant que médiateur dans la régulation du conflit entre Mukhrar et Timur, n’a-t-elle pas été appuyée ? ».
Moussin : « Viktor Viacheslavovich, tout a été appuyé, seulement, avant de faire des démarches concrètes, il faut que nous nous comprenions bien. Vous êtes d’accord avec moi ? – C’était le premier point. Deuxièmement, vous devez prendre connaissance d’une autre information objective qui se trouve dans notre disposition concernant Mukhtar et Timur. Lorsque nous nous serons bien compris, je serai prêt à vous utiliser à deux cents pour cent, mais pour le faire il faut qu’on se voie. Pourquoi ? – Mais parce que sinon ce serait un dialogue de sourds. Vous aurez du mal à me comprendre, j’aurai du mal à vous comprendre… Je vous propose de venir ici. Ce serait stupide de se voir en zone neutre, nous n’allons pas jouer aux espions. Oui, nous comprenons bien vos craintes, vous craignez être interpellé ici. Mais on ne vous interpellera pas. Je viendrai personnellement vous chercher à l’aéroport, je vous emmènerai à Akorda, ici nous pourrons discuter, parler et si on veut, je vous emmènerai là-haut car, franchement, il y a des questions auxquelles il faut répondre maintenant. Sinon, croyez-moi, Viktor Viacheslavovich, après ce sera trop tard ».
Khrapunov : « Je comprends tout… Mais je n’ai aucune garantie. Imaginez que maintenant… »
Moussin l’interrompt avec indignation : « Viktor Viacheslavovich, vous n’avez pas de garantie ! Mais il est impossible de faire autrement ! Cela n’a aucun sens de vous arrêter ici, au Kazakhstan, croyez-moi. – Pour quoi faire ? Quelle est votre valeur ici ? Excusez-moi, mais elle est nulle… Il s’agit d’une grande lutte. Ce n’est pas un simple jeu entre ces gars-là. C’est un vrai combat, une vraie guerre où on a recours à des ressources de toute sorte, à des forces de toute sorte. C’est ce que je veux vous dire pour que vous puissiez comprendre de quoi il s’agit ».
Khrapunov : « Je comprends très bien tout cela, même ce que vous venez de dire sans vouloir me blesser… Je suis un homme en chair et en os, et c’est de la politique… »
Moussin : « Je ne voudrais pas te blesser, je voudrais simplement te dire comme un être humain… et travailler d’une manière professionnelle »…
Khrapunov : « C’est juste de la politique, je comprends tout très bien. Je m’y suis bien embarqué moi-même, c’est sûr. Mais voilà ce que je voulais dire : je pense que… »
Moussin l’interrompt : « Je n’invente rien, et je ne parle pas en mon nom de ton arrivée, je me suis assuré le soutien, nous avons trouvé un accord avec sais qui. Son attitude envers toi est tout à fait normale. Vous avez travaillé ensemble pendant tant d’années ; qui aurait pu imaginer cette situation avec des membres de votre famille. Ce n’est pas vous qui posez problème, c’est lui. ».
Khrapunov ricanant : « Oui, mais c’est bien moi qui en souffre… (suivent quelques propos inintelligibles, les interlocuteurs se coupent la parole). Tout cela n’est pas bien important, tout va s’arranger… »
Moussin : « A la guerre comme à la guerre, cela se comprend, on ne choisit pas toujours. Allo ? »
Khrapunov : « Je t’entends, mon cher, je t’entends… »
Moussin : « Bon, Viktor, sinon je commence à m’emballer. Déjà comme ça, l’ambiance est bien tendue toute la journée. C’est à toi de réfléchir et de prendre une décision. Bien sûr, c’est de ton destin qu’il s’agit… La seule chose que je puisse te garantir, à mon niveau, c’est que je serai toujours à côté de toi et je ne laisserai personne… Des tentatives… (propos inintelligibles, on peut quand même supposer qu’on ne peut pas exclure des tentatives d’arrêter Khrapunov)… nous avons assez de têtes brûlées ici. Plus qu’assez ».
Khrapunov : « Tout a été bien amplifié par les médias qui en ont fait toute une affaire, je ne sais pas qui a fait ça ».
Moussin : « Ce n’est pas important, nous savons pourquoi on fait cela » (des propos inintelligibles, les interlocuteurs se coupent la parole).
Khrapunov : « Je comprends tout très bien. La seule chose que je voulais dire, c’est que si aujourd’hui je respecte mon vœu de silence et tiens une pause… »
Moussin l’interrompt brusquement : « Viktor Viacheslavovich, arrête de dire n’importe quoi ! Qu’est-que vous pensez ! Mais tu peux dire ce que tu veux ! Regarde, partout dans le monde on parle, on donne des interviews. Et puis ? Est-ce que ça va influencer le processus ? – aucune influence. Qu’est-ce que tu peux bien dire ? Ne sois pas ridicule. Aujourd’hui d’autres choses sont bien plus intéressantes. Tu lis un peu ? – Et puis ? Le pays est toujours là, les gens sont toujours là ».
Khrapunov : « Je lis, je vois, je comprends… »
Moussin : « Je ne veux plus en parler ! »
Khrapunov : « C’est bon, c’est bon, ok ».
Moussin : « Réfléchis bien, pèse tout et puis appelle-moi dès que tu auras pris une décision ».
Khrapunov : « Au revoir ».
Moussin : « Tu fais bien ».
La source: RESPUBLIKA