A Astana, en attendant le Jour du Premier Président que le pays célébrera pour la première fois demain déjà, le concours des maîtres de flatterie, d’adulation et de servilité a eu lieu. Cet événement se prénommait officiellement les «Premières lectures Nazarbayev».
Après avoir placé des chaises entre les palmes qui poussent dans l’atrium de l’«Université Nazarbayev», avoir bâti un podium et avoir convié une foule d’invités, les organisateurs des soi-disant «lectures Nazarbayev» ont commencé leur spectacle.
Oui, un spectacle parce que c’est impossible de appeler tout ce qui se passait dans l’université portant le nom du président de vraies lectures dans le sens normal de ce terme. Chaque intervenant qui montait à la tribune devant les délégués avait à cœur de discuter non seulement du rôle et de la place de cette figure politique particulière dans l’histoire mais plutôt de dire le plus de compliments, d’éloges et de plaisances possibles adressés à Nazarbayev.
Et ce n’est que le fait que personne ne faisait pas de discours sans regarder dans son papier et que tout le monde lisait lors de la séance plénière de cet évènement qui pourrait rappeler les vraies «lectures». Les journalistes, quant à eux, ont reçu les rapports des intervenants en avance. C’est-à-dire, ce dont les experts parleraient était connu dés le début.
Entre temps, c’était l’ex-secrétaire d’Etat et le ministre des Affaires étrangères Kanat Saudabaev qui a joué avec tout son artistisme naturel le rôle du président des festivités, pardon, du modérateur pendant la séance plénière ouvrant les lectures. Il parlait de la victoire à l’EXPO, du phénomène du Kazakhstan dans l’arène internationale ce qui, selon lui, n’aurait jamais été possible sans un leader du pays tel que Nursultan Abishevich Nazarbayev.
En conclusion, Monsieur Saudabaev est arrivé à une idée très intéressante: «Aujourd’hui, la voie du développement du Kazakhstan, la stratégie et l’activité créatrice de la construction d’un nouvel état indépendant de Nursultan Nazarbayev représentent un objet d’une analyse sérieuse et des recherches approfondies dans plusieurs pays du monde».
En mettant de cette façon la discussion sur un bon sujet Monsieur Saudabaev a donné la parole à encore un flatteur des mérites du président connu dans notre pays, au secrétaire d’Etat du Kazakhstan actuel Mukhtar Kul-Muhammad qui a su tenir le public sur le gril un peu plus longtemps que son prédécesseur. Alors, en parlant de Nursultan Nazabayev Monsieur Kul-Muhammad s’est rappelé les Pères fondateurs de la démocratie américaine pour une raison inconnue.
– Georges Washington, le premier président du pays, — énumérait-il pathétiquement, — Thomas Jefferson, auteur de la déclaration de l’indépendance des Etats Unis et le troisième président, James Madison, le quatrième président ayant créé la constitution des Etats Unis, Alexander Hamilton, un des auteurs du système bancaire américain. Probablement, beaucoup d’entre vous ont déjà deviné, — a demandé Monsieur Kul-Muhammad après une longue suspense, — pourquoi je les cite de la tribune de l’«Université Nazarbayev »? Oui, c’est vrai, Nazarbayev est un Père fondateur de Kazakhstan indépendant pour tous ses habitant sans exception.
Après la comparaison épique du président avec les premiers présidents américains présentée par un maître de la «parole sur le leader de la nation», un autre a été invité sur scène. Le ministre de l’Education qui a remplacé le secrétaire d’Etat devant la tribune de service avait pour but sans doute de se réhabiliter plus au moins dans les yeux du président après le lavage de tête public qui a eu lieu pour Monsieur Zhumagulov la veille lors de la séance avec les akims et les ministres.
Le chef du Ministère de l’Education travaillait à fond: il appelait Nursultan Nazarbayev un «grand leader passionnaire», le mettait sur la même ligne que les politiciens mondialement connus tels que Georges Washington, Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Mustafa Kemal Atatürk, Mahathir Mohamad.
– On écrit et on parle beaucoup sur le «phénomène de Nazarbayev », — pontifiait Bakytzhan Zhumagulov de la tribune. — Chefs d’Etats, analystes et économistes connus dans le monde entier, chefs des organisations internationales et des plus grandes entreprises se prononcent avec beaucoup d’admiration et de respect sur Kazakhstan et son leader.
Monsieur Zhumagulov a parlé longtemps, il utilisait des citations des auteurs classiques qu’il mariait avec des théories mathématiques, se souvenait des années 90 ou bien revenait au présent, citait comme exemple des documents signées par Nazarbayev en années différentes et enfin est arrivés aux conclusions:
– Tous ce qui a été dit n’inclut pas bien évidemment la liste exhaustive de tous les aspects importants qu’on appelle dans le monde le «phénomène de Nazarbayev»,— en insinuant qu’il fallait en finir déjà, a dit Monsieur Zhumagulov. — Je suis sûr qu’on présentera encore beaucoup d’autres facettes de l’activité fondamentale de Nursultan Abishevich pendant le forum.
Pourtant c’est un autre politicien, le vice-secrétaire général de l’ONU Kassym-Zhamart Tokaev qui s’est montré le plus éloquent. Il a parlé de tout pendant 40 minutes à peu près en commençant par l’initiative du désarmement nucléaire et en finissant par les derniers succès du président à l’échelle internationale. Et c’est là qu’un détail intéressant a apparu, il paraît qu’au début des années 90 Mouammar Kadhafi lui-même a essayé de faire ami avec Nursultan Nazarbayev possédant à l’époque d’un potentiel nucléaire très important.
– Au début de l’année 1992, — se souvient Tokaev tout d’un coup, — une lettre au nom du président de Kazakhstan est parvenue au ministère des Affaires étrangères via des canaux diplomatiques du leader de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi qui proposait de garder l’arsenal nucléaire sur le territoire du pays en qualité de la première bombe atomique musulmane selon lui et qui promettait également une aide financière de plusieurs milliards pour l’entretenir. Cette lettre reste sûrement dans des archives et il serait souhaitable à mon avis de divulguer son contenu pour que les contemporains et les générations futures puissent mieux comprendre les tendances de cette époque difficile.
Cependant, l’exemple cité a servi de base pour faire de nouveaux éloges au leader de la nation:
– Maintenant déjà, on peut dire formellement: dans le monde actuel, il n’y a pas d’alternative au président de Kazakhstan en termes de son expérience, de sa sagesse, de sa volonté, de sa vision et de son efficacité. C’est pourquoi à l’étranger il est appelé un politicien du niveau global. La première fête du premier président s’approche, c’est un vrai jour de la nation quand les citoyens de notre pays pourront de nouveau se rappeler leur passé récent qui est comparable par son dynamisme et son intensité aux siècles entiers et de tourner leur regard vers l’avenir que nous lions avec le nom glorieux du chef du peuple, du premier président de la République du Kazakhstan.
…Les lectures Nazarbayev ont duré dans la même ambiance jusqu’au soir. Après le déjeuner, les participants du forum ont continué de cultiver le culte de la personnalité du président en se divisant en plusieurs groupes. Il faut dire que la durée de la conférence n’a pas été limitée par une seule journée et elle a continué vendredi également.