La famille Khrapunov dans le viseur de la dictature kazakhe
Les autorités judiciaires du Kazakhstan, contrôlées par le dictateur Noursoultan Nazarbaïev, ont monté un dossier visant à accuser la famille Khrapunov de blanchiment et d’autres crimes. Conformément au droit suisse, les autorités suisses se doivent de répondre aux demandes d’entraide internationale, y compris lorsqu’elles proviennent de pays foulant aux pieds les droits humains. La famille Khrapunov rejette en bloc toutes les accusations formulées contre elle et dénonce cette démarche à caractère politique. Elle regrette que la Suisse participe à une telle parodie de justice et invite ses autorités à procéder avec la plus grande célérité et impartialité afin de lever dans les meilleurs délais les soupçons que le régime kazakh fait injustement peser sur elle.
Genève, le 30 novembre 2012 – Le 27 novembre 2012, Leila Khrapunova a appris que les autorités suisses étaient techniquement entrées en matière sur une demande d’entraide du Kazakhstan. Deux jours plus tard, sur la base d’une fuite qui ne peut émaner que des autorités kazakhes, cette information a été reprise sous une forme tronquée, partiale et tendancieuse par la RTS (19:30 du 29 novembre 2012). Cette fuite révèle une nouvelle fois la dimension éminemment politique du contentieux qui oppose la famille Khrapunov à la direction de l’Etat du Kazakhstan.
En conséquence de cette décision d’entrée en matière, la Suisse a accepté de prendre des mesures visant, semble-t-il, à clarifier certains points quant à l’origine de fonds appartenant à Leila Khrapunova ou à son fils, et quant aux destinataires de certaines transactions bancaires. Leila Khrapunova regrette que la justice suisse accepte d’entrer en matière sur les revendications d’un pays, le Kazakhstan, qui a du sang sur les mains, qui foule aux pieds les droits humains, qui a pour pratique courante de fabriquer de faux documents pour parvenir à ses fins, et qui condamne brutalement journalistes (voir Le Monde du 26 novembre 2012), syndicalistes et opposants à de très lourdes peines de prison.
Dès 1990, Leila Khrapunova a activement participé à la transition de son pays vers une économie de marché, indépendamment des activités politiques de Viktor Khrapunov. Elle a créé au Kazakhstan plusieurs PME qui ont connu un très grand succès, notamment dans les médias, la mode haut de gamme, les produits de luxe et l’immobilier. Elle affirme que durant les 15 ans de sa carrière de cheffe d’entreprises au Kazakhstan (1990-2005), elle n’a jamais acquis aucun bien de manière illicite. Elle dément par ailleurs avec force avoir jamais profité d’aucun passe-droit ni d’aucune faveur émanant de Viktor Khrapunov, qu’elle a épousé en secondes noces en 1998 et qui a été maire d’Almaty, la principale ville du pays, de 1997 à 2004.
Leila Khrapunova est prête à collaborer avec les autorités suisses pour retracer en toute transparence l’origine de son patrimoine. Elle invite même ces dernières à procéder avec la plus grande célérité afin de lever aussi rapidement que possible les soupçons que le régime kazakh fait injustement peser sur elle et sur les membres de sa famille.
Pour en savoir plus : www.leila-khrapunova.com, en particulier les pages sur les étapes-clés de sa carrière de cheffe d’entreprise.
Contexte juridique
La justice au Kazakhstan n’est ni libre ni indépendante. Elle est à la botte d’un pouvoir tout entier concentré entre les mains du président Noursoultan Nazarbaïev qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1989. Tous les juges et les procureurs du Kazakhstan sont directement nommés par lui. Il est avéré par les principales organisations internationales de défense des droits de l’homme que le régime kazakh ne recule devant aucune manipulation ni aucune violence pour acculer ses opposants, voire les éliminer physiquement. La fabrication et la falsification de documents pour motifs politiques sont pratique courante au Kazakhstan.
Dans ce contexte, en Suisse, les juges, les journalistes et tout esprit un tant soit peu critique se doivent d’appréhender les pièces produites par ce régime totalitaire avec la plus grande prudence. Leila Khrapunova s’étonne de constater avec quelle complaisance les médias romands, en particulier la Télévision suisse romande, reproduisent sans broncher les propos orientés des autorités kazakhes. Ce faisant, ils jouent le jeu du dictateur Nazarbaïev en contribuant à salir l’image de la famille Khrapunov.
Quand bien même chacun sait que le Kazakhstan n’est pas une démocratie, le pays entretient des relations diplomatiques et économiques normales avec l’ensemble de la communauté internationale. Le fait, pour la Suisse, d’entrer provisoirement en matière sur la demande kazakhe ne signifie en aucune manière qu’elle endosse les allégations du Kazakhstan, et ne préjuge en rien du résultat final de l’examen de la requête du Kazakhstan.
Il résulte de la jurisprudence du Tribunal fédéral que la Suisse est très réticente à collaborer sur le fond avec l’Etat du Kazakhstan en matière d’entraide pénale internationale, étant donné l’absence d’indépendance du pouvoir judiciaire et les graves lacunes en matière de garanties procédurales dans ce pays. En tous les cas, Leila Khrapunova s’opposera par tous les moyens de droit à ce que des informations la concernant soient transmises aux autorités judiciaires du Kazakhstan. Elle n’acceptera aucune démarche qui puisse favoriser l’entraide avec une justice inique et totalitaire à la botte du pouvoir politique.
Les raisons du harcèlement kazakh
Le Kazakhstan a monté un dossier à charge visant à discréditer l’opposant au régime Viktor Khrapunov qui possède des informations prouvant des fraudes massives et le comportement criminel du régime en place. Viktor Khrapunov est un politicien kazakh atypique. Durant ses années de politique au Kazakhstan, que ce soit en tant que ministre ou en tant que maire de la première ville du pays, il s’est toujours montré intransigeant à l’égard de ceux qui ont essayé de le corrompre. Contrairement au clan Nazarbaïev, qui pille quotidiennement les ressources du pays depuis plus de vingt ans, l’ancien maire d’Almaty n’a jamais tiré aucun profit personnel des postes qu’il a occupés. Il n’a pas et il n’a jamais eu de comptes en banques à l’étranger. A ce titre, les informations qui circulent dans les médias évoquant « le blocage » de ses comptes à Genève sont erronées.
Viktor Khrapunov et sa famille se sentent harcelés et même politiquement et physiquement menacés par le régime kazakh. A l’été 2011, ils ont déposé une demande d’asile politique en Suisse. Dix-huit mois plus tard, celle-ci est toujours en cours de traitement.
Pour plus d’informations : www.viktorkhrapunov.com. Lire aussi le long entretien accordé par Viktor Khrapunov à Politique internationale dans le dernier numéro de novembre 2012.
Les droits humains au Kazakhstan
Le régime kazakh est un état policier totalitaire, dirigé par un dictateur qui remporte les élections avec 95% des voix, contrôle les médias et réprime toute opinion divergente. Autocrate impitoyable, élu président à vie, il contrôle toutes les branches des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Il nomme directement tous les gouverneurs régionaux et tous les maires de grandes villes.
Le 16 décembre 2011, un terrible massacre, perpétré par les forces de sécurité, a eu lieu au Kazakhstan. Selon les chiffres officiels, 16 personnes ont été tuées et plus de cent ont été blessées lorsque la police a tiré sur des civils dans la petite ville de Janaozen dans la partie ouest du pays. Des sources indépendantes indiquent que beaucoup plus de personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées. Telle a été la conclusion sanglante d’un conflit de sept mois opposant au pouvoir des ouvriers du pétrole protestant pour de meilleurs salaires et conditions de travail. Voir sur YouTube la couverture des événements par Euronews .
Le massacre de Janaozen a marqué le début d’une nouvelle ère d’oppression politique sans précédent au Kazakhstan. La plupart des grévistes ont été condamnés, sur la base d’accusations fabriquées, à des peines d’emprisonnement à long terme, tandis que les procès se poursuivent pour les militants de la société civile et les politiciens qui ont soutenu les ouvriers. L’un de leurs chefs de file, Vladimir Kozlov – un leader majeur de l’opposition – a été condamné le 8 octobre 2012, après un procès dénoncé par les observateurs internationaux comme fabriqué de toutes pièces, à sept ans et demi de prison et à la confiscation de tous ses biens.
Les autorités de l’État ont également ciblé ce qu’il reste des petits médias indépendants au Kazakhstan. Les journalistes qui ont dénoncé le massacre de Janaozen font maintenant face à diverses accusations, dont la conspiration avec les ouvriers, visant à faire tomber le régime en place. A l’inverse, les forces de sécurité qui ont tiré sur les civils n’ont pas été poursuivies. Le président Nazarbaïev refuse de consentir à une enquête internationale, dont il sait que les résultats mettraient à jour le vrai visage de son régime.
Les versions allemande, anglaise et russe de ce communiqué peuvent être consultées sur les sites www.viktorkhrapunov.com et www.leila-khrapunova.com.
Contact
Marc Comina
Porte-parole de la famille Khrapunov
+41 79 128 34 95 , mc@marc-comina.ch